OTAN, Barkhane, Russie: l’audition explosive du chef d’état-major des armées

Lors d’une récente audition devant la commission des affaires étrangères datée de novembre, le général François Lecointre défend sans langue de bois le bilan de l’opération Barkhane. 

Et envoie quelques piques aux Etats-Unis, à la Russie et à l’Allemagne.

 

Le général François Lecointre, chef d'état-major des armées
EMA

 

Droit dans ses bottes et sans langue de bois. Lors d'une audition organisée le 6 novembre dernier à huis clos devant la commission des affaires étrangères, et dont le compte rendu n'a été publié que cette semaine, le chef d'état-major des armées (CEMA) François Lecointre s'est notamment employé à mettre en garde contre le "retour du fait guerrier" et ce qu'il appelle "l'ensauvagement du monde". La menace est multiple, explique le CEMA : crises liées à l'effondrement de certains Etats ; affrontements asymétriques, face à l'Iran par exemple ; risques engendrés par la politique du fait accompli de certaines puissances, comme la Russie en Ukraine ; et même risque d'une guerre classique, bloc contre bloc, une perspective qu'il se refuse à écarter.

Face à ces menaces multiples, la loi de programmation militaire 2019-2025, bien que qualifiée de "très belle" par le CEMA, "n'autorise pas la montée en puissance qui nous permettrait de faire face à un conflit classique de grande intensité, ni même à certaines situations dégradées", prévient-il." Or, les types de conflits qui se présentent à nous nous font nous interroger sur la nécessité de reconstruire une armée de guerre", estime le général Lecointre. Cette armée de guerre nécessiterait une masse importante de matériels. Il faudrait soit les acquérir en national, un investissement énorme à la clé, soit les obtenir par mutualisation des moyens de l'UE, indique le CEMA.

"Espionnage russe"

Comme exemple des limites actuelles de l'armée française, le général Lecointre évoque l'insuffisance de frégates de premier rang (aptes au combat de haute intensité). 

Le besoin est énorme, souligne-t-il. "Je suis dans l'obligation d'en engager une en permanence dans le Golfe arabo-persique ; une autre dans le canal de Syrie pour surveiller que la ligne rouge – l'emploi d'armes chimiques par Bachar Al-Assad – fixée par le Président de la République ne soit pas franchie ; une autre pour les actions de "contestation de la contestation" de la liberté de circulation dans les espaces maritimes que nous impose la Chine en mer de Chine du Sud ; une encore pour protéger nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de l'espionnage des Russes lorsqu'ils quittent Brest ; enfin, j'ai besoin de frégates de premier rang pour surveiller le bastion russe et les mouvements des sous-marins qui partent de la presqu'île de Kola (Russie) pour s'engager dans l'Atlantique Nord."
Malgré ces limites, l'armée française fait bien le job..........


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