"Il s'était juré de remettre le drapeau français en haut de la tour Eiffel"

"Il s'était juré de remettre le drapeau français en haut de la tour Eiffel", raconte la fille d'un pompier qui a participé à la Libération de Paris il y a 75 ans

Le 25 août 1944, lors de la Libération de Paris, Lucien Sarniguet et cinq pompiers montaient en haut de la tour Eiffel pour décrocher le drapeau nazi.

Des pompiers brandissant le drapeau français, en haut de la tour Eiffel à Paris, le 25 août 2004. (PIERRE VERDY / AFP)

Son acte est aujourd'hui peu connu, il est pourtant historique et chargé de symboles. Le 25 août 1944, jour de la Libération de Paris, le capitaine Lucien Sarniguet, aidé d'un commando, a fait flotter le drapeau de la France en haut de la tour Eiffel. Ce pompier admiré par ses collègues s'était engagé très tôt dans la résistance. Membre du réseau de l'armée volontaire, il a fait passer des prisonniers en zone libre, ce qui lui vaudra d'être emprisonné pendant deux ans à Fresnes.
Six grands draps en guise de drapeau

Pendant la guerre, le pire affront qu'il ait vécu s'est déroulé le jour où les troupes allemandes lui ont demandé de décrocher le drapeau tricolore en haut de la tour Eiffel, en juin 1940. Sa fille, Jeanne-Marie Badoche, raconte qu'il "s'est juré ce jour-là que c'est lui qui le remettrait".

"Pendant les quatre années d'occupation, il n'avait que cela en tête : remettre le drapeau en haut de la tour Eiffel."

"Il n'était pas question de commander un drapeau, il a donc été confectionné par des femmes d'officiers ou de sous-officiers du régiment, avec six grands draps teints au bleu de méthylène et du mercurochrome ou de l'éosine", précise Jeanne-Marie Badoche, aujourd'hui âgée de 92 ans.

Le capitaine et ses cinq hommes de confiance

Pour s'assurer que les Allemands ne trouvent pas ce drapeau, Lucien Sarniguet a pris la précaution de le faire passer en zone libre. Il l'a fait revenir à Paris le 17 août, au moment où il a senti que la Libération approchait. Le capitaine l'a caché dans un tube de gazogène afin de pouvoir passer les contrôles de voiture discrètement. Pour aller accrocher l'étendard, il a monté un commando composé d'une équipe de pompiers. Le sergent Henri Duriaux faisait partie des cinq hommes de confiance, choisis par Lucien Sarniguet. 
 
"Le 25 août, tout le monde était sur le pied de guerre. C'est à ce moment-là, vers 11 heures, que le capitaine Sarniguet a trouvé le moment propice", raconte Robert, fils d'Henri Duriaux. D'après lui, le commando savait que des sentinelles étaient présentes au niveau d'un pilier de la tour Eiffel, le groupe emmené par Lucien Sarniguet s'est alors présenté à un pilier opposé et a "sommairement vérifié que l'endroit n'était pas miné". "Ils se sont ensuite engouffrés dans les escaliers jusqu'au dernier étage. Il n'y avait aucun Allemand en haut de la tour Eiffel", poursuit-il.

Il y avait plus de 1 700 marches, des tirs dans la rue adjacente, des panaches de fumée...

Robert à franceinfo

Le commando a finalement réussi assez facilement à remplacer la croix gammée qui flottait depuis plus de 1 500 jours au-dessus de Paris. Les six pompiers sont restés très discrets sur cette histoire. Ce n'est qu'en 1980 qu'elle a ressurgi lorsque que Robert Duriaux a découvert, dans le porte-feuille de son père, une photo du commando prise en haut de la Tour Eiffel. Aujourd'hui, pour leur rendre hommage, une plaque est installée au dernier étage du monument.

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