Stress post-traumatique chez les soldats : "C'est un peu une blessure honteuse"

"Le soutien de nos militaires blessés est l’affaire de tous !" : c’est le message passé par l’armée avec la Journée nationale des blessés de l’armée de terre. 

 

La troisième édition a eu lieu ce samedi. Martin Juret a rencontré Geoffrey Demouliez pour Sud radio. Sa vie a basculé après une explosion il y a huit ans au Liban
 
 Sa vie a basculé après une explosion il y a huit ans au Liban
 
 
 
 
Ces militaires ont été blessés physiquement ou psychologiquement, touchés en service ou en dehors : l'armée de terre leur rend hommage ce samedi pour la troisième édition de Journée nationale des blessés de l’armée de terre. À Paris, cette journée se déroulera au parc André Citroën (XVe) en présence de la ministre des Armées, Florence Parly et du chef d’état-major de l’armée de terre. Martin Juret a rencontré Geoffrey Demouliez, militaire touché pendant une explosion au Liban.

Une blessure encore tabou

La vie de Geoffrey Demouliez bascule fin 2011 au Liban. En mission, le véhicule de ce militaire aguerri est soufflé par une explosion. Lourdement blessé, sa principale blessure reste pourtant invisible et se déclare plusieurs mois après son retour en France : "Un beau matin, je me suis retrouvé dans le métro à Paris en partant en mission et j'ai explosé en larmes. Je suis resté au téléphone avec mon épouse pendant plus d'une heure, sans pouvoir lui parler."

Le militaire découvre qu’il souffre d’un syndrome post-traumatique qui va bouleverser sa vie : "Je me sentais constamment épié, agressé. La moindre odeur, le moindre bruit vous rappelle ce qui s'est passé. Toutes les émotions sont occultées : on n'arrive même plus à se souvenir des bons moments comme la naissance des enfants, votre mariage..."
On a souvent des blessés qui disent 'vaut mieux rentrer avec une jambe amputée qu'avec un syndrome post-traumatique' parce qu'une jambe amputée, c'est visible
Geoffrey pense même à mettre fin à ses jours. Aujourd’hui, notamment grâce à l’accompagnement psychologique fourni par l'armée, il va mieux et arrive à vivre avec cette blessure mais il regrette qu’elle reste encore tabou : "Malheureusement, c'est un peu une blessure honteuse, que l'on cache. On a souvent des blessés qui disent 'vaut mieux rentrer avec une jambe amputée qu'avec un syndrome post-traumatique' parce qu'une jambe amputée, c'est visible, la reconnaissance est immédiate et c'est honorable par rapport à un soldat qui a servi son pays."

Consciente de cette souffrance, l’armée reconnaît désormais le syndrome post-traumatique comme une blessure à part entière. Guy de Saint Germain est ancien lieutenant-colonel dans l’armée, secrétaire général de l'association Terre Fraternité qui vient en aide aux militaires blessés et à leur famille : "C'est une blessure reconnue comme telle et ces blessures psychiques ont droit à la remise de la décoration des blessés de guerre (...) Ce n'est pas simplement un effet psychologique : il y a une trace."

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