Spahis morts au Mali : "pourquoi eux et pas moi ?", le soldat qui a survécu à l'explosion témoigne pour la première fois

Le brigadier-chef Gilles était là le 21 février 2018 quand deux de ses camarades sont morts dans l'explosion d'une bombe sur leur route au Mali. C'est lui qui a sauvé le patron du régiment, blessé, de son véhicule. Depuis, il souffre de stress post-traumatique et parle pour briser le tabou.

© Radio France - Diane Sprimont
Ce samedi, c'est la troisième journée d'hommage national aux blessés de l'armée de terre. Les blessures du brigadier-chef Gilles ne se voient pas. Il souffre d'un syndrome post-traumatique depuis l'explosion qui a tué deux de ses camarades au Mali. Et il se confie pour la première fois à la radio "pour mettre en lumière le syndrome post-traumatique qui touche bon nombre de soldats de l'armée de terre. Une blessure physique se voit, les gens l'appréhendent différemment."

Le 21 février 2018, sur la route au Mali, son convoi est victime d'un "engin explosif improvisé". La bombe tue deux de ses camarades qui était dans le véhicule derrière lui. "Mon job, c'était d'assurer la protection du chef de corps. Sans réfléchir, je lui ai donc porté assistance. Voyant que je ne pouvais plus rien faire pour eux, j'ai sorti le chef du danger". Il perd alors la notion du temps. L'explosion a lieu vers 8h20, il ne réalise l'heure qu'il est qu'à 13 heures. "Tout ce laps de temps, je l'ai perdu. J'étais dans l'action mais c'est automatique, c'est presque une machine qui se met en oeuvre."

"Au début, je ne pouvais pas prendre mon enfant dans mes bras." - Brigadier-chef Gilles

Quelques jours seulement après l'explosion, le brigadier-chef Gilles commence sa "descente aux enfers" comme il le raconte. "Je suis passé deux minutes avant. On a le syndrome du survivant en se demandant pourquoi eux et pas moi ? _Des cauchemars la nuit, des flash-backs la journée, des pleurs, des colères_. On a du mal à en parler pour les proches c'est très difficile. J'ai eu un fils en juillet. Au début, je ne pouvais absolument pas prendre mon enfant dans mes bras. "

C'est une thérapie et le sport qui l'ont aidé. La boxe notamment qu'il pratique depuis qu'il est enfant. "Taper dans un sac, ça fait énormément de bien". Le brigadier-chef Gilles a repris son poste au sein du régiment de spahis de Valence trois mois après l'explosion. Mais depuis, il n'est pas retourné en opération extérieure. 
 
Source : France Bleu

Commentaires