Défense. Comment un régiment soutient la famille du soldat en mission

Aides sociales, soutien psychologique, séances de détentes pour les conjoints… 


C’est une partie du panel du soutien proposé aux conjoints des soldats envoyés en mission prolongée à l’étranger.

Exemple avec les familles des militaires du 2e Régiment du matériel (2e RMat) de Bruz, qui seront bientôt de retour en Bretagne, après quatre mois déployés au Mali et au Tchad dans le cadre de l’opération Barkhane.



Entretien et texte de OUEST FRANCE avec Aline Le Borgne, assistante sociale en charge des familles.

Aline Le Borgne, assistante sociale en soutien du 2e régiment du matériel de Bruz. | D.R.


Depuis le mois de février, une partie du 2e RMat est engagée dans l’opération Barkhane. Comment les familles ont-elles été accompagnées ?

Avant le départ au Mali, une demi-journée a été organisée, le 12 janvier, pour les militaires et leurs familles, au quartier Lyautey, à Saint-Jacques-de-la-Lande, à l’initiative du colonel Janny, chef de corps du 2e RMat, et en lien étroit avec le bureau environnement humain (BEH) du régiment. Le colonel Janny a présenté aux familles la région du Mali où le régiment était projeté. Une psychologue était présente. Pour ma part, je me suis occupé de présenter aux familles l’action sociale des armées et de quelle façon elles pouvaient être concrètement accompagnées durant la période des quatre mois de la projection sur l’opération Barkhane. Un petit kit réalisé par différents services du ministère a été spécialement conçu pour les enfants, avec un petit calendrier, une boîte à bisous, une boîte à récompenses. Ce kit a été remis aux familles durant cette demi-journée. C’est une manière d’aborder avec eux l’absence et permettre à l’enfant d’exprimer ce qu’il ressent.

D’autres rendez-vous ont-ils été proposés durant les quatre mois de la mission ?

Oui, à mi-mandat, dimanche 31 mars, un après-midi récréatif journée a été organisé au centre équestre Fénicat, à Bruz, créé par un ancien militaire. Des balades à poneys et en calèches étaient possibles. Il y a eu aussi une communication vidéo avec le Mali. Tous les vendredis après-midi, des séances de sophrologie étaient offertes par une épouse de militaire diplômée. Une séquence dans un centre de l’institution de gestion sociale des armées (Igesa) a été proposée aux épouses, les 11 et 12 mai, à Quiberon, une vingtaine a participé. Et j’ai rappelé individuellement chaque famille pour échanger, les écouter, prendre des nouvelles.

Le mandat du 2e RMat au Mali s’achève, les militaires seront bientôt de retour. Là aussi, c’est une période qu’il faut anticiper ?

Oui, une rencontre a été organisée le 25 mai, en présence d’une psychologue. Le retour des soldats est très attendu. Mais on explique aux familles qu’il faut rester dans la mesure, qu’il y aura peut-être une déception par rapport aux attentes suscitées par ce retour. Il ne faut pas non plus être dans la suractivité. Il faut laisser du temps au militaire de retour, même s’ils sont passés par le « sas de décompression » de trois jours en Crête avant de revenir en Bretagne. Chacun doit retrouver sa place au sein de la cellule familiale.

Avec les familles, notamment les enfants, parlez-vous des blessures dont peuvent être victimes les soldats du régiment, ou même la possibilité de la mort ?

Non, pas dans le cadre de l’accompagnement de la projection en opération extérieure. « On était prêt à le voir partir, mais pas à le voir mourir » : ça a été la réaction de l’épouse de l’un des deux commandos Hubert tués au Burkina Faso. C’est exactement cela. Mais l’assistante sociale en soutien d’un régiment est cependant formée à la question de la mort d’un soldat, ce qui en fait la singularité de notre métier. Le ministère des Armées propose une formation spécifique. C’est d’ailleurs l’assistance sociale qui accompagne le chef de corps ou son représentant pour annoncer le décès d’un militaire à sa famille.


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