Le militaire avait frappé son frère d'armes au camp de Caylus
Tête rasée, mains dans le dos, Thomas, 28 ans, un militaire de la garnison de Montauban,
poursuivi pour de lourdes violences contre un frère d'armes, ne semble
pas mesurer l'importance de son procès, ce vendredi devant le tribunal
correctionnel.
Photo DDM, Manuel Massip |
Venu sans avocat, le mis en cause, qui a porté un violent coup de
poing à son camarade durant un stage d'aguerrissement au camp de Caylus,
lui a fracturé en deux endroits la mâchoire. La victime, un grand
gaillard au physique athlétique, s'est vue notifier quinze jours d'ITT
(incapacité totale de travail) et douze semaines d'arrêt de travail. «Il
était à la ramasse dans les courses, je l'ai aidé pour avancer, il
s'était battu avec un autre gars deux jours avant», indique le prévenu,
n'épargnant pas la victime. «On ne fait pas son procès aujourd'hui !»,
l'interrompt la présidente Vanessa Maury reprenant les mots du militaire
évoquant la «cohésion de groupe» pour justifier cette violence. «Il
avait déjà volé de la nourriture, cela m'a énervé qu'il ne se dénonce
pas», poursuit dans sa défense maladroite le mis en cause. «Il a tout de
même une fracture !», le coupe une seconde fois la juge, revenant sur
les circonstances de cette altercation.
En octobre 2017, un groupe de jeunes militaires du génie font un
stage au camp de Caylus. «Il y a des privations de nourritures, de
sommeil et du stress : un vol d'alimentation et la dégradation d'un
groupe électrogène sont constatés. On demande à l'auteur de se
dénoncer». C'est durant ce laps de temps que les violences
interviennent. «Mon client a une plaque en fer sur la face et sous le
menton, certifie Me Viginie Beteille pour la partie civile. Cette
agression n'a rien de pédagogique», insiste-t-elle. «Vous vous défendez
fort mal», relaie le ministère public notant un «manque sang-froid
inquiétant pour un militaire». Il requiert 2 mois sursis et 500 €
d'amende. Sans conseil pour réclamer une dispense d'inscription au
casier judiciaire (B2), le jeune militaire qui a la parole en dernier,
se voit chuchoter dans l'oreille par l'avocate de la partie civile de la
réclamer. «C'est votre camarade qui vous le souffle». Le verdict tombe
plus lourd que les réquisitions : 8 mois sursis assortis d'une dispense
au casier ainsi qu'un renvoi sur intérêt civil pour le règlement des
indemnités à la partie civile en mai prochain.Source Max Lagarrigue La dépêche
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