Ces soldats français qui se mettent en danger en dévoilant leur position en opérations

Tout comme les militaires de l’armée américaine, des soldats français mettent imprudemment en ligne leurs parcours sportifs alors qu’ils sont en opération. Des données qui permettent de les identifier beaucoup trop précisément.

 

Photo AFP
Il se court en 13 minutes et quarante-cinq secondes pour les hommes, 24 minutes pour les femmes. Sous le cagnard, entre 5 h 30 et 5 h 45, ils sont une petite soixantaine à s’affronter sur ce parcours de quatre kilomètres au milieu de la base française de Gao, fleuron de l’opération Barkhane (que l’on peut observer sur Google Maps). On déniche des parcours de ce genre dans tous les camps des armées en opérations extérieures, autour de la base H5 en Jordanie, au QG de Barkhane à N’Djamena… Partout où il y a un soldat donc un sportif.
Capture d’écran Badoo.
Militaires pour la plupart, ils utilisent l’application Strava, qui permet de comparer ses performances entre sportifs, et mettent consciencieusement en ligne, la plupart du temps sous leur vrai nom, leurs localisations exactes, l’heure, leurs déplacements dans l’enceinte militaire… Des informations régulièrement actualisées qui permettent sans difficulté de remonter jusqu’à eux en France. De connaître leurs routes d’entraînement, à pied ou à vélo, depuis leur régiment ou parfois leur domicile. Ici, un chasseur alpin, là un aviateur à Mérignac ou un marin à Saint-Mandrier.

Jusqu’à un site de rencontres ! 

Le phénomène touche toutes les armées et tous les grades. À partir du nom laissé sur Strava, une simple recherche permet par exemple de trouver le Facebook et le profil sur un site de rencontres d’un soldat du 3e régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa) de Carcassonne, une des unités d’élite de l’armée de terre française. L’homme y apparaît en uniforme et y affiche ses préférences politiques, ses connaissances. Quelle imprudence !
Pourtant, durant la mise en condition opérationnelle qui précède chaque OPEX ou pendant les classes en centre de formation initiale, des sessions de sensibilisation alertent fortement les soldats sur les risques numériques. Aujourd’hui, il paraît difficile d’interdire la pratique des réseaux sociaux. L’armée tente d’accompagner. Mais une piqûre de rappel s’impose.
L’affaire a été révélée par The Washington Post mais elle touche toutes les armées du monde confrontées au danger potentiel des réseaux sociaux. Le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’état-major des armées, semble désabusé : «  Je lance un appel au bon sens. Il s’agit de se déconnecter en OPEX. Nous avions déjà eu ce type d’affaires avec Snapchat et Instagram qui géolocalisent les utilisateurs. Il suffit de se mettre en mode privé, pas public...

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